Le livre, papier ou numérique, est le premier support de la connaissance et de la liberté de création. C’est un secteur majeur des industries culturelles et créatives, dont l’importance socio-économique est désormais connue1. En Belgique francophone, il est massivement exportateur et générateur de productions dérivées2 (films, séries d’animation, jeux, merchandising, etc.) commercialisées dans le monde entier.

Le secteur a produit l’un des plus grands patrimoines artistiques belges : la bande dessinée et le livre jeunesse, où nos talents continuent de multiplier les innovations et les succès. Les formations supérieures de qualité attirent des jeunes dans des métiers à haute valeur ajoutée, mais celles-ci ne sont pas reliées à la dynamique entrepreneuriale. Pourtant la réforme sociale WITA fédérale engage une nouvelle dynamique, qui peut encourager les jeunes à se lancer dans des activités avec un filet de sécurité. Le secteur est, avec celui des arts graphiques, l’un des plus concernés par cet enjeu.

Ces caractéristiques se sont retournées contre lui : c’est le secteur le plus mal pris en compte, le moins soutenu en matière de politiques culturelles à la FWB et dont le département administratif n’a pas les moyens et ne parvient plus à suivre les évolutions majeures (technologiques, sociales, fiscales, etc.). C’est aussi un secteur coupé de la dynamique économique que lui offrirait un outil comme le tax shelter.

Malgré les efforts du secteur pour s’organiser (son interprofessionnelle, le PILEn, est reconnue internationalement) et proposer des stratégies de
développement (avec des outils comme le Contrat de filière issu des suggestions du Conseil du livre), pour cartographier ses activités, imaginer un pôle de développement en Wallonie et à Bruxelles, le contraste avec les moyens mobilisés en audiovisuel ou en arts de la scène est saisissant et, il faut l’admettre, scandaleux en regard du potentiel perdu. Alors que l’inflation spécifique du secteur (40 % à la fabrication) perdure, ainsi que le manque d’outils et de politiques d’autonomisation par rapport aux grands groupes dans le secteur (surproduction, marges en amont et en aval trop faibles, etc.), une nouvelle stratégie globale incluant tous les niveaux de pouvoir, en tenant compte de sa dimension européenne et internationale, est plus que jamais urgente. Elle est revendiquée depuis des années.

La vision du PILEn consiste à faire vivre et développer un écosystème du livre belge francophone fort, durable, innovant et de qualité, largement accessible et plébiscité par tous les publics locaux et étrangers. Un écosystème qui est reconnu à la fois comme activité culturelle de création et comme industrie économique, professionnellement attractives, aptes à rencontrer les défis et opportunités démocratiques, technologiques, écologiques, éducatifs et sociaux et dont les acteurs et actrices collaborent activement. Il devrait aussi être soutenu structurellement par des interlocuteurs institutionnels, déléguant l’opérationnalisation des actions, et en phase avec les besoins concrets de l’écosystème.

1 - Le livre représente 50 % des biens culturels matérialisés (Source : GFK France).

2 - Etude du CNL sur l’adaptation des livres en films : https://centrenationaldulivre.fr/actualites/les-resultats-de-l-etude-les-adaptations cinematographiques-et-audiovisuelles-d-oeuvres


En ce mois d'avril 2024, le PILEn publie son mémorandum 2024-2028 à l'occasion des élections prochaines. Ce mémorandum vise à lister une série d’enjeux, de problématiques, de défis actuels auxquels fait face la filière du livre, et à formuler pour y répondre des revendications claires à destination des décideurs et financeurs publics à différents niveaux de pouvoir.

Vous trouverez ci-dessous notre mémorandum dans son intégralité à télécharger en PDF.


Rédaction : Juliette Mogenet, Flore Debaty et les membres du PILEn.

Mémorandum du PILEn 2024-2028