Le Point Culture accueillait le 11 juin la sixième édition des Apéros du numérique, organisée par BELA (le Portail des auteurs et des écritures), en partenariat avec le PILEn, sur la thématique du crowdfunding1. Benoît Peeters (auteur et éditeur, responsable de la maison d’édition Les Impressions Nouvelles), Patrick Pinchart (éditeur, Sandawe) et Michel Dufranne (auteur, chroniqueur) étaient invités à défricher le terrain avec les professionnels présents ce soir-là.

Patrick Pinchart est revenu sur la genèse de Sandawe. Le site de la plateforme collaborative spécialisée en bande-dessinée a été lancé en 2010. Quatre ans plus tard, il compte plus de 10.000 membres et plus d’un million d’euros investis dans des projets éditoriaux. Sandawe est aujourd’hui la seule plateforme collaborative adossée à une maison d’édition. Les projets Sandawe, une fois financés, sont gérés par la maison d’édition (suivi éditorial, fabrication, impression, promotion, diffusion, distribution, rétribution des auteurs et des édinautes, etc.)2. Sandawe c’est également une communauté de passionnés de bande dessinée nécessitant une gestion quotidienne qui ne doit pas être sous-estimée, a averti Patrick Pinchart.

De son côté, la maison d’édition Les Impressions Nouvelles, dirigée par Benoît Peeters a fait appel au crowdfunding pour deux projets spécifiques via la plateforme de financement participatif généraliste KissKissBankBank. Ces projets ambitieux et transgenres, riches en iconographies, nécessitaient des méthodes de financement alternatives. Le crowdfunding a semblé un très bon moyen à l'équipe des Impressions Nouvelles pour atteindre le lecteur potentiel, en particulier lorsque le public n’est pas prédéfini.

Benoît Peeters et Patrick Pinchart ont eu l'occasion d'insister tous deux sur l’aspect communicationnel (et chronophage) de tels campagnes, essentiel à l’aboutissement des projets. Ainsi, l’auteur de 286 jours, Frédéric Boilet, a réalisé une vidéo qui, sans trop en dévoiler, souhaite toucher le public pour l'impliquer réellement dans son projet. Chez Sandawe, on a prôné une communication dynamique à laquelle les auteurs sont initiés et participent activement.

S’agissant des contreparties proposées aux édinautes3, les deux éditeurs ont constaté que c’est dans le livre lui-même que réside l’attrait principal pour les souscripteurs. Patrick Pinchart et Benoît Peeters ont conseillé d'ailleurs de miser sur des primes personnalisées en adéquation avec le contenu du projet.

Pour finir, Benoît Peeters a évoqué une certaine vision de l’économie du livre supposant une rentabilité évidente. Il a rappelé que la production ne peut pourtant reposer sur les lois du marché, sous peine de voir disparaître une partie des titres des catalogues. Que l'on soit auteur, éditeur, libraire, il devient donc primordial de penser de nouvelles ressources, non seulement en termes de contenus mais également de modèles économiques.


Relisez l’entretien PILEn sur la campagne de crowdfunding menée par Les Impressions Nouvelles ici

 


1 « Crowdfunding » traduit en français par "financement participatif"

2 Sandawe propose également d’autres formes de projets pour lesquels la maison d’édition joue un rôle limité (intermédiaire et/ou prestataire de services). Voir ici sa "fiche PILEn".

3 « Édinaute » : néologisme formé sur éditeur + internaute